• Fin de saison, de Louis Dubost - note de lecture de Michel Baglin

    « Pas de demi-tour / la page est tournée  ». C’est une des formules rencontrées ici, où l’on évoque « la vie coiffée / par la mort ». Où l’on parle « sans retour ni recours ». Bien sûr il y a beaucoup de gravité et pas mal d’irrémédiable dans cette plaquette où le poète Louis Dubost (qui fut longtemps, rappelons-le, un des meilleurs éditeurs de poésie), devenu jardinier émérite, s’efforce comme il me l’écrit de « pousser la brouette un peu plus loin et droit devant sur la page malgré tout ».

    Qu’on le veuille ou non, « droit devant », à partir d’un certain âge (et nous avons le même), c’est se confronter au terminus qui se profile à l’horizon du voyage. En fin de saison, les jours sont « en peau de chagrin ». Mais Dubost n’entend pas se faire peur ni s’inventer des spectres : « Ne mets pas / de visage sur ce qui / n’en a pas », (se) recommande-t-il. D’ailleurs, « la mort n’est pas un problème ». Non, mais il est une pesanteur intime qui lui doit parfois un peu de vertige et d’avoir « la tête ailleurs ». C’est ainsi qu’on s’occupe au jardin « sans perspective ni légèreté d’être ».

    N’est-ce pas ce lest que ces poèmes aux vers brefs tentent de suggérer quand ils mêlent les registres alors qu’on s’occupe « à fixer les tuteurs / pour l’équilibre du temps »  ? Avec une belle économie de moyens, Dubost peint cet état ni gai ni triste, mais de profonde réception, de présence attentive au monde et qu’une image on ne peut plus succincte résume : « attendre / intransitif ».

    Michel Baglin (revue-texture.fr – février 2017)

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