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Fin de saison, une lecture de Cécile Guivarch
Fin de saison, Louis Dubost, le phare du cousseix
Faire verbe pour évoquer une fin de saison, une « existence / aux trois-quarts parcourue ». Tel est le fil de ce poème de Louis Dubost. « Trop loin / trop près // de la fin de saison / pour envisager // ce qui n’a pas / de visage ». Chaque matin, le corps est toujours là « à remplir le temps / comme une brouette ». Jardin et vie intimement liés dans l’écriture de Louis Dubost (on pense à son dernier livre Bestiolerie potagère paru aux éditions Les Carnets du dessert de lune). Ainsi, la métaphore des « tuteurs / pour équilibrer le temps ». En quelques pages, Louis Dubost offre une réflexion sur le temps et le corps, ce corps qui d’un coup sera inhabité. La poésie permet cela : ne pas avoir peur de la mort, accepter ce qui menace dans le ciel. Louis Dubost écrit d’une écriture paisible, un poème sur la mort. Poème qui ne serait pas si la mort n’existait pas. Le texte est court mais peut se relire plusieurs fois, en se laissant saisir, en poursuivant sa propre réflexion.
A force
de jouer à vivreon n’écoute plus
le temps venir à soiet le temps s’enfuit
sans tourner la têteon fait porter le chapeau
au liseron qui s’enroule
autour de la béquilleparesse ou lâcheté
la sourde oreille
n’entend rienà la vie coiffée
par la mort.