• Jacques Josse (par Jacmo in revue Décharge)

    Jacques Josse : AU CÉLIBATAIRE, RETOUR DES CHAMPS (le phare du cousseix)

    Quiconque a connu la collection Wigwam, 81 recueils (1981 – 2010), verra dans ce recueil comme un passage de relais : même papier, même couverture à rabat (blanche cette fois), mêmes pages à découper, même typo soignée… d’autant que l’auteur, Jacques Josse, s’est occupé pendant 30 ans de cette collection qu’il animait. C’est donc Julien Bosc et le phare du cousseix éditions, sis en limousin, qui a pris la succession depuis 2013. Trois plaquettes par an. Jacques Josse sous un titre qui plante déjà le bonhomme, propose douze stations rapides. Les verbes à la troisième personne du singulier sont sans sujet. S’agit-il du même personnage ? De différents hommes indifférenciés ? Cela n’a guère d’importance. Aussitôt, on est happé par cette ambiance lourde, humide et venteuse où l’homme a maille à partir avec l’océan, les pluies ou la tempête, l’horizon vide et les soirs lugubres. Tire sur la laisse du passé / entend rire ses mort… On n’est jamais loin du suicide, du pendu, de l’électrocuté ou des disparus en mer… Chez Josse, l’atmosphère anxiogène est l’air pur qu’on respire au quotidien. La mort se balade comme chez elle, et le malheur est la chose la mieux partagée au bar et dans la campagne environnante et hostile. Au-dessus de ces destins qui boitent le long des chemins, il y a toujours un raffut d’enfer. L’océan ronfle / baratte du lait d’écume… Jacques Josse a trouvé définitivement son ton et son style, de la même couleur, noire.

     Jacmo

     DÉCHARGE 169, mars 2016