• L'emploi du temps - une note de lecture de Jacques Morin

     Jean-Christophe Belleveaux : « L’emploi du temps » 

     

    D’abord il dit il. Il s’observe, à la fois objet et sujet. C’est un recueil sur l’existence. Treize moments de vie d’un individu. Qui s’interroge d’une manière directe et désabusée sur la réalité. Une sorte de leçon de vanité des choses. Il essaie de sentir les frontières, de tâter les bords. Tout est d’une inconsistance totale alentour. Les mots vide, béance, néant se bousculent au bout des lèvres. Il reste l’apparence, ce qu’on fait en ne rien faisant. « Il prend part […] il participe ».

    Plus qu’un phénomène dépressionnaire, le poète exerce son droit de retrait, absolu. Il ne fait pas bonne figure pour donner le change, il ne comprend plus. Pas de résignation, nulle amertume. Il demeure à la surface, la pluie, les moutons et les poules…

    Mais ce qui demeure l’énigme intangible par excellence, le temps, comment l’appréhender, qu’en faire, que faire ? La plus grande difficulté demeure pour le passer. Sans raison valable. Jusqu’à quand ? Du matin au crépuscule. « l’histoire se fait sans narration ni rien qui s’y passe » Du crépuscule au matin. Une trame vide qui se déroule en permanence. Tapis roulant des jours. Restent le langage, et les mots, parce que c’est avec eux que les choses se jouent dans la tête et qu’on peut les coucher sur le papier, en attendant, pour reprendre un peu pied dans les sables mouvants du quotidien.

     

    Jacques Morin, revue Texture, avril 2017